AGUA music 2022
Que s’est-il donc passé durant cette année étonnante que nous venons de traverser ? Pour Quentin Dujardin, 2020 aura certainement été l’année la plus chargée de son généreux parcours. Plus qu’un voyage, une expérience solo menée à la frontière de nos libertés pour toujours rester créatif. (*)
Aujourd’hui, il marque à nouveau son empreinte indélébile dans le monde de la guitare. Il nous raconte cette période à la fois étrange et terriblement bruyante dans ses oreilles. 2020 restera finalement une année très inspirante face à ce silence imposé aux artistes.
Revenons à la musique en disant d’emblée qu’il s’agit de l’accomplissement de l’un de ses rêves de gamin en réunissant deux pointures en la personne de Manu Katché et Nicolas Fiszman. L’artiste les avait déjà invités notamment sur les albums Catharsis pour Katché (2016) et Veloma pour Fiszman (2007). Ce nouvel album propose ici ce Blues for M&N taillé sur mesure pour cette rythmique imparable et tellement limpide dans son approche du groove. Quentin Dujardin les écoute depuis son jeune âge et s’en inspire pour l’évidence de leur jeu. Un sésame vers la musique tout court.
Pour ce nouvel album, le guitariste s’entoure de ses quatre guitares favorites : nylon, baryton, fretless & acoustique. Une augmentation des couleurs et du spectre sonore dans cette palette très large. Ses guitares électriques, quant à elles nous parlent avec grand cri (2020) de ses paysages qui l’entourent et de son Condroz natal. Un espace vaste où règnent le temps des promenades (La balade de Nils) mais aussi des fontaines de son enfance (Val de Gore).
Tout le monde connaît l’artiste pour son travail très produit à la fois sur les mélodies (Michèle & Philippe) et sur la fluidité de ses improvisations (Aimé). Il n’aura pu s’empêcher de partager ces différentes plages avec son comparse Didier Laloy toujours prêt à se jeter à l’eau. La folle énergie venteuse de son accordéon sonne en accord parfait avec les cordes et annonce le cyclone sur Madagascar. Ensemble, ils revisitent pour l’occasion Baroque avec ce déchirement tout droit sorti de l’archet d’Adrien Tyberghein mais aussi Avril dans cette version live studio qui magnifie cette saison somptueuse. Notons également la présence de l’américain Doron David Sherwin et son cornet à bouquin, artiste international très apprécié tant pour ses interventions délicates que pour l’inventivité qu’il apporte au monde de la musique baroque actuel (Arpeggiata).
Quentin Dujardin poursuit tranquillement sa ligne de conduite en restant attaché de façon immuable au son et à l’émotion. Et c’est bien cet ensemble qui émeut son public.
(*) C’est le 14 février 2021 que l’artiste marque son engagement pour notre liberté d’expression. Il combattra ainsi en justice l’état d’urgence imposé de façon indécente au monde de l’art et obtiendra gain de cause face à l’état belge (**). Quentin Dujardin continuera ainsi à se produire et donnera plus d’une soixantaine de concerts durant le confinement. Aujourd’hui son oeuvre inclassable se combine au citoyen engagé comme en témoigne cet Ave Maria interdit par l’autorité en ce fameux dimanche d’hiver. L’impact est universel.
(**) Durant le confinement, le gouvernement belge a en effet autorisé le culte à des rassemblements allant jusqu’à 15 personnes, alors que cela était formellement interdit pour les lieux de culture. En protestation, Quentin Dujardin a donné un concert public dans une église locale. Son action a été stoppée par les forces de police durant l’interprétation de son Ave Maria.
| PRESSE |
« Un album à la fois profond, puissant et à fleur de peau ! Un univers de toute beauté, qui flirte entre minimalisme et virtuosité. A découvrir ! » – Manu Katché
« Un disque extrêmement soigné, comme toujours, représentatif de l’univers singulier de Dujardin tout en délicatesse, en rêverie et en mélodies chantantes et sensuelles. » – Jazz Magazine (FR) ****
« Un diamant à l’état pur » – Le Soir (BE) ****
« Artiste inclassable, à découvrir absolument ! » – Jazz Rhones-Alpes (FR)
« Des paysages délicats qui nous racontent sa vie et celle des autres. » – Jazz’Halo (BE)
« Un album qui sonne comme une libération. » – Larsen (BE)
Le Soir, Octobre 2021 (BE) – entretien par Jean-Claude Vantroyen
«Les artistes ont le devoir de faire avancer le monde»
Le guitariste nous revient avec un très bel album, « 2020 », marqué par le confinement et par la liberté du mélange.
Quentin Dujardin aura marqué les esprits cette année. Le 14 février, alors que les concerts étaient interdits, il se produisait dans l’église de Crupet. Après tout, se disait-il, si les offices religieux pouvaient se tenir devant quinze personnes, pourquoi pas un concert ? Le guitariste fut cependant interrompu par la police. Mais son audace aura permis de secouer l’apathie et de montrer combien la culture était importante dans la société.
Là, il vient de sortir un magnifique album, avec des musiciens formidables : Nicolas Fiszman à la basse, Didier Laloy à l’accordéon et Manu Katché à la batterie. Plus Adrien Tyberghien à la contrebasse et Doron David Sherwin au cornet à bouquin, chacun pour un morceau.
Vous avez marqué les esprits en 2021 et pourtant votre album s’intitule « 2020 ».
2020 fut une année charnière qui, malgré tout ce qu’on en a dit, est restée créative pour moi et pour plein d’artistes. Depuis cette année, je suis plus lucide en tant qu’artiste et citoyen sur ce que représente un artiste dans la société actuelle. Dès le début du confinement, comme il a fait très beau en mars-avril, j’ai beaucoup travaillé dans le jardin avec la famille. Et puis je me suis rendu compte qu’il n’était pas possible de ne prendre que le soleil. Malgré ces restrictions, comment rester créatif ? En 2020, j’ai beaucoup travaillé sur cet album, j’ai voulu rester actif. 2020 fut pour moi une année très créative.
Comme souvent, votre musique est inclassable. Vos influences viennent de partout.
Je continue à écouter tous les styles. Je suis passionné par le streaming qui permet d’avoir une oreille sur tout, et parfois sur n’importe quoi malheureusement. Toute mon enfance fut classique et surtout baroque. Puis je me suis passionné pour le jazz et l’improvisation grâce à la rencontre avec le guitariste Pierre Van Dormael. Je suis un enfant des académies et des conservatoires, et j’ai voulu faire table rase de ce parcours scolaire. Alors j’ai voyagé pendant une décennie. La rue pouvait me fournir une énergie libre, sans limite par rapport à ce que je nomme une caste musicale à laquelle on devrait se tenir. Les artistes qui ont des choses à raconter sont ceux qui font fi des limites et pratiquent le mélange. Sans céder au fourre-tout, avec une ligne de conduite qui est le son et l’émotion. Je prends plaisir à être libre, à avoir cette autonomie créative, sans avoir l’obligation de correspondre à une case, sans répondre à un label puisque j’autoproduis ma musique.
Vous composez toujours sur votre banc, face à la nature ?
Je m’assieds souvent plein sud, c’est un réflexe du voyage, de la rue que j’ai pratiquée. J’ai gardé ce réflexe à la maison. L’énergie de l’extérieur est très inspirante. C’est vivifiant, libérateur de travailler de cette manière.
Ça fonctionne vraiment bien avec vos complices musiciens.
Avec Nicolas Fiszman, on collabore depuis presque 15 ans, on a joué pas mal en live, il a une énergie que j’adore, c’est aussi quelqu’un de très libre, hors caste, une des grandes lumières du paysage belge. Manu Katché, c’est Manu, un mélodiste. J’ai déjà travaillé avec lui, j’avais envie pour la première fois de mettre Nicolas et Manu ensemble, en binôme. Dans la foulée évidemment, en continuité de l’album précédent, j’ai eu envie de raconter encore d’autres choses avec Didier Laloy. Et tout le monde s’est bien senti dans mon univers, chacun a trouvé sa manière à lui de se placer.
… dans votre musique, qui est assez sophistiquée.
Oui, parce que je sais absolument ce que je cherche : une couleur définie. C’est aussi pour cela que je suis allé chercher Adrien Tyberghien et Doron David Sherwin, pour leurs couleurs particulières. La contrebasse à l’archet d’Adrien est « trashifiée », amène un côté un peu dingue, un côté « crunch » qui colle à merveille à l’album. Et le cornet à bouquin de Doron David apporte une touche surprenante qui densifie le morceau.
L’utilisation du cornet à bouquin, instrument du baroque, montre bien votre souci de s’ouvrir au mélange.
A contrario du repli de l’Europe sur elle-même, la musique a la volonté d’étendre les frontières et de chercher le mélange. Voyez Aka Moon, est-ce du jazz, de la world, du classique ? On s’en fout. L’important est d’être sincère dans la démarche. Je suis un énorme fan de Dhafer Youssef, incroyable dans cette liberté de mélanger. Son album Birds Requiem est extrêmement révélateur de ce mélange fantastique que le jazz propose et qui ouvre des perspectives. On a une liberté bien plus grande qu’on ne le croit. On est des artistes de scène, des gens qu’on vient écouter, mais on a le devoir de faire avancer le monde. Un artiste est plus que quelqu’un qui pratique un instrument et monte sur scène. Il offre une ouverture potentielle sur le monde, une porte.
**** Jazz Magazine, Janvier 2023 (FR)- critique par Félix Marciano
Un disque extrêmement soigné, comme toujours, représentatif de l’univers singulier de Dujardin tout en délicatesse, en rêverie et en mélodies chantantes et sensuelles.
2020 aura été une année chargée et mouvementée pour Quentin Dujardin, le guitariste-compositeur belge ayant même bravé les interdits – et les autorités – pour continuer à se produire en public durant le confinement. Une année féconde, surtout car en plus de l’excellent « 2020 Live » salué dans nos colonnes, il a aussi réalisé cet album studio accompagné d’une équipe quasiment identique, à ceci près qu’il a fait cette fois appel au formidable – et trop rare – Nicolas Fiszman pour tenir la basse électrique et asseoir une rythmique impeccable avec Manu Katché. Un disque extrêmement soigné, comme toujours, représentatif de l’univers singulier de Dujardin tout en délicatesse, en rêverie et en mélodies chantantes et sensuelles. On y retrouve ses couleurs solaires et universelles avec ses parfums de folk, de musiques classiques et traditionnelles – et même de bluegrass – avec cette sensation d’espace sans frontière qui caractérise son parcours d’éternel. Mieux, sa palette sonore s’enrichit des textures de ses multiples guitares, notamment baryton et fretless, avec quelques touches électriques pour pimenter son jeu essentiellement acoustique, l’accordéon diatonique de son complice Didier Laloy soulignant à merveille la nostalgie de ses thèmes.
La Libre Belgique, Mars 2021 (BE) – Entretien par Martine Mergeay
Quentin Dujardin: la fin de l’obéissance
Pour Quentin Dujardin, guitariste protéiforme de la planète jazz/folk/crossover (pour faire bref), il ne fut pas question de descente dans la rue, de pamphlet assassin ou d’assaut du parlement, mais bien du calme exercice de son art, dans des conditions en tous points conformes au décret gouvernemental concernant les rassemblements non pas de culture, mais de culte, du moins dans un premier temps.
Le premier acte a lieu le 14 février 2021, à l’église de Crupet où quinze personnes sont conviées.
Sans surprise, ces quinze personnes comprennent de nombreux journalistes, les autorités sont informées des intentions de l’artiste et la réaction officielle ne se fait pas attendre: après cinq minutes de musique, deux policiers interrompent le concert et relèvent les identités des participants. Le calme dans lequel se déroule ce bref incident est terrifiant. Tout comme le perceptible désespoir de Quentin Dujardin au micro des journalistes. On en est donc là… Mais le but est atteint: presse écrite et parlée, télévisions, réseaux sociaux, tous les médias s’emparent de l’affaire, la « parabole » minimaliste imaginée par Quentin Dujardin opère.
Quatre semaine plus tard, l’artiste mènera sur le même mode une triple récidive (trois concerts d’affilée, devant 15 personnes), cette fois dans un véritable lieu culturel -l’Espace Delvaux, à Boitsfort – où personne ne viendra l’interrompre. A l’issue du deuxième (et dernier?) acte d’une pièce dont le retentissement a dû le surprendre lui-même, Quentin Dujardin fait le point par Arts Libre.
Première question, inévitable: avec le recul, comment définiriez-vous votre état d’esprit lors de ce fameux – premier – concert à Crupet ?
Mon intention était claire: en tant qu’artiste, je voulais d’abord partager la beauté avec le public mais je voulais aussi partager ma condition de citoyen, partager une opinion, signer publiquement mon engagement en démocratie. Je voulais faire d’un geste artistique une occasion de réflexion sur les aberrations qui nous sont imposées, je voulais signer la fin de l’obéissance, de la soumission à l’ignorance dans laquelle est tenu notre secteur.
Ce secteur, vous l’occupez en tant que musicien, interprète, compositeur aux multiples intérêts, à la fois singulier et toujours en recherche de métissage.
J’ai abordé la musique par l’étude de la guitare classique que j’ai pratiqué bien sagement jusqu’au jour où j’ai découvert Philip Catherine et le jazz, dans lequel j’ai plongé à distance, de mon lointain Condroz…Cette improvisation tant vantée par les musiciens baroques, je la découvrais dans sa forme la plus accomplie et c’était fascinant ! J’ai donc suivi des cours de jazz avec le regretté Pierre Van Dormael – à l’Académie de Jambes – puis avec fabien Degryse, au Conservatoire de Bruxelles, qui m’a permis de comprendre l’improvisation de l’intérieur, tout en me donnant les moyens techniques pour rejoindre ce que me dictait mon inspiration. Ce fut un long chemin (rire), il y a un monde entre la guitare classique, analytique et, dans un sens, refermée sur la partition, et le jazz, beaucoup plus intuitif, qui, pour se déployer, exige une perception globale de l’harmonie. J’ai dû transformer mon esprit et mon jeu, développer mes intuitions, accepter l’appel de la liberté. Il me fallait aller vers les gens, bouger, voyager, élargir le champ. A 22 ans, j’ai découvert le monde des Gitans et j’ai tout repris à zéro. J’ai voyagé durant 7 ans, au Mali, au Maroc, à Istanbul, affûtant mon écoute au contact des musiques extra-occidentales, découvrant les quarts de ton, transformant mon oreille…
Y a-t-il aujourd’hui un domaine qui vous représente plus particulièrement, qui vous rassemble, auquel vous vous identifiez ?
S’il me fallait aujourd’hui désigner un modèle, je citerais le pianiste américano-arménien Tigran Hamasyan, un pianiste de jazz – un domaine qu’il a étudié à fond dans les universités américaines – qui n’a cessé de mettre son art en liaison avec ses passions profondes, avec son Arménie natale, avec des musiciens de toutes origines et de tous styles. Chacun de ses albums apporte une pierre à un édifice à construire sans fin.
Dans la multiplication de ces échanges, la spirale est-elle concentrique ou excentrique ?
Les deux, bien sûr ! L’autre est un miroir de vous-même, chaque rencontre entraîne une cristallisation (vers l’intérieur) en même temps qu’un nouveau départ, c’est un mouvement perpétuel. J’ai compris cela dès mon enfance, avec un père juriste et une mère linguiste, au sein d’une famille nombreuse (six enfants) évoluant entre harmonie et chaos ! Et ça nous semblait tout naturel… La prise de risque s’inscrit dans la ligne de tout artiste et, associée à la conviction, elle permet de raconter l’amour de la musique, le bonheur d’être en lien avec soi, avec les autres musiciens et, bien sûr, avec le public. Avez-vous déjà songé que la musique est le lus grand vecteur d’innovation ? C’est à mettre en parallèle avec sa substance même, avec son côté fugitif, insaisissable, et cela concerne toutes les musiques, y compris Bach.
Votre parcours est balisé par des projets originaux, multimédia, des clips fignolés, parfois tourné au loin – je pense à ce trépidant Kalaban Coura, tourné dans le quartier éponyme de Bamako, au Mali -, tout ça demande des moyens, des compétences, du matériel. Comment vous organisez-vous ?
J’ai compris rapidement que pour pouvoir avancer dans des voies originales, j devais fonder mon propre outil de production et conquérir mon indépendance financière, c’est une qustion d’instinct, je veux garder ma liberté. Et « Kalaban Coura » – pourtant risqué sur le plan matériel et financier – est justement l’exemple d’un projet qui a très bien marché ! Cette position indépendante m’a toujours valu une excellent réponse du public, notamment lors des souscriptions.
Comment avez-vous passé cette première année de pandémie ?
Au début, comme nous tous, j’étais sidéré, abasourdi, mais c’était le printemps, il faisait magnifique et j’ai un grand jardin… J’ai donc vécu le premier confinement comme un coup de fraîcheur, une merveilleuse parenthèse. On prenait notre mal en patience. J’ai beaucoup écrit, préparé mon nouvel album, donné des concerts en France et même en Belgique, lors de la timide reprise de l’été. Mais à partir d’octobre, l’inquiétude est montée face aux incroyables aberrations auxquelles étaient confrontés les artistes de la scène . Cela s’est mis à bouillonner en moi, il fallait que je rassemble ma pensée, il me fallait quitter les mots, m’organiser, passer à l’action. J’ai consulté des juristes, des prêtres, des autorités écclésiastiques, un Procureur du Roi, et j’ai pris ma décision. ce fut le concert à l’église de Crupet.
Vous vous présentez comme un homme organisé et pragmatique, ce qui n’exclut pas l’aspiration à la spiritualité ou à la sagesse. Mais les images du 14 février ont quand même révélé un Quentin Dujardin hors de lui, quasi en larmes, désespéré.
C’est vrai…J’ai évolué depuis lors mais je suis resté très en colère, et déterminé à faire reconnaître aux autorités qu’elles se trompent et à faire condamner les arrêtés ministériels. C’est la raison pour laquelle j’ai organisé de nouveaux concerts, et cette fois dans un véritable lieu culturel, à l’Espace Delvaux, à Boitsfort. Ils ont eu lieu vendredi, sans intervention de la police – faut-il croire que le parquet de Bruxelles et celui de Namur ont une autre interprétation des faits ? – ce qui aujourd’hui (le 13 mars à 15h) me place en état de « légitime confiance ». Mais rien n’est acquis pour autant. C’est dans ce contexte que deux avocats de la Ligue des Droits Huains et mon avocat, Maître Englebert ont plaidé hier au Tribunal de Première instance de Bruxelles. Le jugement est attendu dans les prochaines semaines.
Jazz’Halo, Décembre 2022 (BE) – critique par Philippe De Cleen
Delicate klanklandschapjes die iets vertellen over zijn leven en dat van anderen.
Op naar de concertzaal…
Met 2020 markeert de uit Dinant afkomstige gitarist Quentin Dujardin een nieuwe fase in zijn traject als muzikant/componist/producer. Een pandemie dook op, de hele wereld ging plotsklaps op slot en gaandeweg ontstond er langzaam maar zeker een nieuwe Quentin Dujardin-plaat. Terug aanknopen met het essentiële, zo stelt de klassiek geschoolde, op technisch vlak uiterst begaafde componist in hoesnota’s van het album. 2020 was op vele vlakken erg hard, koud en haast onmenselijk.
Dat idee komt misschien nog het best tot uiting in “Ave Maria”, de track die het album afsluit. De compositie markeert een moment in de tijd. In het kleine dorpje Crupet besluit de overheid plotsklaps de stekker uit een erg kleinschalig concert in een kerk te trekken. Erg hard, want het betekent de doodsteek voor een zelfstandige muzikant wiens brood net bestaat uit de mogelijkheid om die concerten te kunnen spelen.
Het is een sleutelelement op een plaat die hoofdzakelijk bestaat uit delicate klanklandschapjes die iets vertellen over zijn leven en dat van anderen. Het grillige “Blues for M & N” bijvoorbeeld. Wie zij zijn blijft (voorlopig) een raadsel, wél duidelijk is dat zij een effect teweegbrachten bij de gitarist/componist. Hetzelfde kan ook gezegd van het tussen bucolische blues, exotische swing en zinderende flamencogrooves schipperende “Michèle & Philippe”. Op « 2020 » brengt Dujardin fraaie, dromerige en vaak erg rustgevende composities die schipperen tussen werelden van folk, roots, blues en jazz. Via een compositie als “Madagascar” (of wie verder kijkt ook op albums als “Kalaban/Coura” of de score bij “Monsieur Ibrahim”) merk je ook meer wereldse invloeden.
Dujardin omringt zich op deze plaat door muzikanten die hem al lang bijstaan, zoals accordeonist Didier Laloy, bassist Nicolas Fiszman en de ruimschoots ervaren (jazz)drummer Manu Katché. Verder dragen ook cornettist Doron David Sherwin (op het door Laloy gepende “La Balade De Nils”) en contrabassist Adrien Tyberghien bij aan het vrijwel geheel door Dujardin gecomponeerde “2020”, een project dat eigenlijk maar écht tot leven komt in een concertzaal.
Larsen, Octobre 2021 (BE)- critique par Jean-Pierre Goffin
Un album qui sonne comme une libération
Après des mois de disette musicale et de lutte pacifiste contre les absurdités d’un étouffement de la culture, Quentin Dujardin nous offre un album daté “2020” qui sonne comme une libération. Si cette nouvelle galette crée un lien avec Water & Fire, le duo avec Didier Laloy, avec la reprise de Baroque et Avril, il s’agit aussi et surtout de retrouvailles avec des complices que beaucoup rêveraient d’avoir à leurs côtés sur leurs productions. Mais Nicolas Fiszman et Manu Katché sont avant tout des amis qui se joignent à ce nouvel opus bien plus que des faire-valoir : « J’avais le rêve depuis des années de les mettre en connexion. Ce sont des amis de longue date avec qui j’ai travaillé sur des projets différents, mais sans que l’on soit tous les trois ensemble. Pour moi, c’est ma section rythmique idéale. » Le guitariste leur consacre d’ailleurs un titre vibrant Blues for M & N. Nostalgie et gratitude aussi dans des reprises comme Val de Gore, allusion au restaurant-galerie familial, ou Michele & Philippe dédié à ses parents. On appréciera aussi le travail sonore mis en place lors des nombreux concerts à la Chapelle Notre-Dame de Saint-Fontaine où Quentin Dujardin s’est équipé d’un sampler qu’il utilise aussi sur cet enregistrement. Les multiples sonorités de guitare, l’énergie de l’accordéon de Didier Laloy et le formidable groove rythmique apporté par Nicolas Fiszman et Manu Katché font de cet album un des grands moments de bonheur de cette curieuse année.